Festival Écritures des Amériques
ÉDITION 2015 Atlantique Caraïbes 24 - 28 novembre Guadeloupe

ÉCRIVAINS INVITÉS

Marie DARRIEUSSECQ

Bernard FAUCONNIER

David FAUQUEMBERG

Fabienne KANOR

Alain MABANCKOU

Dan O’BRIEN

Gisèle PINEAU

SOIR APRÈS SOIR

MARDI 24 NOVEMBRE

19:00 - 20:00

« Petit Piment, l'enfant de Pointe-Noire »

Conversation : Alain Mabanckou et Michel Reinette.

Pavillon de la ville I Place de la Victoire, Pointe-à-Pitre.

Dans l'ancien presbytère de Pointe-à-Pitre, Alain Mabanckou, Prix Renaudot 2006, finaliste et choix polonais du Prix Goncourt 2015 pour son dernier roman, converse avec Michel Reinette, rédacteur en chef à France 3.
Après deux romans autobiographiques, Demain, j'aurais 20 ans et Lumières de Pointe-Noire, Petit Piment signe le retour à la fiction de l'auteur franco-congolais. Cette fois, c'est un gamin de l'orphelinat de Loango qui nous fait vivre son histoire épique au miroir d'un monde bouleversé.

MERCREDI 25 NOVEMBRE

10:00 - 12:00

« Signatures »

Alain Mabanckou et Gisèle Pineau.

Librairie Générale Jasor I 46 rue Schoelcher, Pointe-à-Pitre.

Les deux auteurs vous attendent pour une séance de dédicaces dans l'une des librairies historiques de la ville créée par Hubert Jasor en 1952 et implantée depuis 1966 au 46, rue Schoelcher.

 

19:00 - 21:00

« Un soir ailleurs, la fabrique des histoires »

Entretien : Marie Darrieussecq, Bernard Fauconnier, David Fauquemberg, Fabienne Kanor, Alain Mabanckou, Dan O'Brien, Gisèle Pineau et Michel Reinette.

Résidence Départementale I Bas-du-Fort.

En contrebas du Fort Fleur d'Epée, les écrivains invités du festival nous parlent, dans un entretien intime avec Michel Reinette, de leur travail d'auteur de romans ou de nouvelles mais aussi de l'histoire ou des histoires qui les ont fabriqués et continuent à les construire ou les inspirer. Influences littéraires, parcours d'écriture ou de vie, paysages et rencontres, comme une invitation au voyage dans le monde et l'imaginaire des auteurs.

JEUDI 26 NOVEMBRE

18:30 - 20:00

« La petite librairie, vagabondages »

Entretien : Marie Darrieussecq, Bernard Fauconnier, Alain Mabanckou, Dan O'Brien et Michel Reinette.

LAMECA, Médiathèque Caraïbe I Bettino Lara, 54 rue Amédée Fengarol, Basse-Terre

Au coeur du quartier historique du Carmel, dans le cadre de la médiathèque Caraïbe, Bettino Lara qui fédère les ressources documentaires du bassin caribéen et recèle un fonds prestigieux ; notamment la bibliothèque personnelle de Maryse Condé, fondatrice du Prix des Amériques insulaires et présidente du jury, Michel Reinette tourne les pages d'Il faut beaucoup aimer les hommes, de Wild Idea, Petit Piment, Jack London et nous propose de vagabonder entre les personnages et leurs territoires : rues de Pointe Noire, Plaines du Dakota, rives du fleuve Ntem, Sonoma Valley….

 

20:00 - 21:00

« Etonnant voyageur : de Nullarbor à Manuel El Negro »

Conversation : David Fauquemberg et Bernard Phipps.

La Casa del Tango I 651 rue Alfred Lumière, Jarry

Dans le café chino : la Casa del Tango, Bernard Phipps, professeur agrégé d'anglais, en habitué des lieux, fondés par le philosophe Jacky Dahomay, reçoit David Fauquemberg pour son dernier roman : Manuel El Negro. Dans cet univers dédié à la danse et à la musique, ils explorent le temps d'une soirée le «mundillo» enfiévré du flamenco où résonnent la guitare de Melchior de la Peña et la voix du héros éponyme, éprises de liberté et d'aventure.

VENDREDI 27 NOVEMBRE

10:00 - 11:30

« Les tambours de l'exil éveillent aux frontières » (Saint-John Perse Anabase, chant 1)

Entretien : Marie Darrieussecq, Gilda Gonfier, Fabienne Kanor et Gisèle Pineau.

Musée Saint-John Perse I 9 rue de Nozières, Pointe-à-Pitre

Ce musée littéraire dédié au prix Nobel de littérature, le poète Alexis Léger, dit Saint-John Perse, exilé de sa terre natale, accueille une conversation entre des femmes écrivains. En lectrice attentive de ses consoeurs, Gilda Gonfier fait intéragir leurs publications respectives : Faire l'aventure, Tristes Pontiques, Les voyages de Merry Sisal, autant de titres qui questionnent les douleurs et les espérances des déracinés.

 

19:30 - 21:30

« La Grande librairie, un monde entier »

Entretien : Marie Darrieussecq, Bernard Fauconnier, David Fauquemberg,

Fabienne Kanor, Dan O'Brien, Gisèle Pineau et Michel Reinette.

Mémorial ACTe I Darboussier, rue Raspail, Pointe-à-Pitre

C'est dans le centre caribéen d'expressions et de mémoire de la traite de l'esclavage édifié sur les friches de l'ancienne usine Darboussier et inauguré en 2015, que les écrivains invités du festival font parler leurs personnages qui, à travers des espaces de fiction ou d'émotion incarnent ou inventent des mondes nouveaux.

SAMEDI 28 NOVEMBRE

10:00 - 12:00

« Signatures »

Marie Darrieussecq, Bernard Fauconnier, David Fauquemberg, Fabienne Kanor et Dan O’Brien.

Librairie Générale Jasor I 3 rue Ferdinand Forest, Jarry

Les auteurs invités du festival vous donnent rendez-vous pour une séance de dédicaces.

 

17:00 - 18:00

« Wild Idea, écrire les espaces sauvages »

Conversation : Dan O'Brien et Céline Malraux

Pavillon de la Ville I Place de la Victoire, Pointe-à-Pitre

Dans la salle Chevalier Saint-Georges, de l'ancien hospice Saint-Jules réhabilité en lieu d'échanges culturels, la journaliste et auteur franco-américaine Céline Malraux et, l'écrivain américain Dan O'Brien, dont le best seller : Rites d'automne est emblématique du Nature Writing, parcourent le récit d'une expérience unique sur les territoires indiens et une réflexion sur la force poétique des grands espaces, l'âpreté de la solitude et sa force créatrice.

JOUR APRÈS JOUR

MERCREDI 25 NOVEMBRE

10:00 - 11:30

Dan O'Brien s'adresse aux étudiants de la section euro-caribéenne, exercice linguistique autant que littéraire, pour partager l'univers de ses livres : The Rites of Autumn, Buffalo for the Broken Heart, Wild Idea.

Auteur de romans, critique littéraire, biographe, Bernard Fauconnier a publié chez Gallimard, un essai sur Flaubert dans lequel l'œuvre trouve toute sa place en particulier L'éducation sentimentale. Il retrace devant les lycéens le parcours de l'écrivain et raconte les coulisses de la création de ses plus beaux textes.

JEUDI 26 NOVEMBRE

10:00 - 11:30

Lycée Coeffin I Trioncelle, Baie Mahault

Alain Mabanckou, attendu par les lycéens pour évoquer le sens de la vie et le courage qui animent Petit Piment, offre une variation sur les pérégrinations de son personnage confronté à de cruels coups du sort.

10:00 - 11:30

Collège Matéliane I Goyave

A travers les romans et récits légendaires du Grand Nord : Croc-Blanc, L'appel de la forêt, Construire un feu, Souvenirs et aventures du pays de l'or…, Bernard Fauconnier fait revivre pour les collégiens, l'esprit d'aventure de l’écrivain Jack London et la force vitale de ses héros.

15:00 - 17:00

Lycée Gerville Réache I 23 rue Amédée Fengarol, Basse-Terre

Après avoir rencontré Scholastique Mukasonga et Léonora Miano en 2013, Yanick Lahens en 2014, les élèves de classes préparatoires et les latinistes écoutent cette fois Marie Darrieussecq leur traduire, au miroir de Tristes Pontiques, la plainte du poète Ovide exilé aux confins du monde connu.

VENDREDI 27 NOVEMBRE

10:00 - 12:00

ESPE, Ecole Supérieure du Professorat et de l'Éducation I Morne Ferret, Les Abymes

Bernard Fauconnier s'entretient avec les futurs certifiés de lettres et s'attache dans ce rendez-vous avec un public de spécialistes à montrer comment pour Flaubert chaque projet romanesque est un nouveau défi formel.

PORTRAIT DES INTERVENANTS

Michel Reinette
L’actuel rédacteur en chef des journaux du week-end de France 3, qui, dans le cadre de la coopération par l’image partage volontiers ses quarante ans d’expérience journalistique à Pnomh Penh, Kuala Lumpur, Bangkok ou Phuket, Michel Reinette, analyse aussi les réalités sociales et politiques de son île natale à travers des documentaires de création comme : «L’avenir est ailleurs» «Zindyen, la force qui va !» «Césaire-Aliker, une fraternité», «Gorée, les petits guides de la mémoire». Sensible à la variété des espaces culturels de l’île Guadeloupe, Michel Reinette soutient de nombreuses initiatives tels le Prix des Amériques insulaires ou le Festival Musiciennes en Guadeloupe depuis leur création. Cette compétence professionnelle, cette curiosité intellectuelle et artistique le désignent comme un interlocuteur privilégié des écrivains invités du Festival Ecritures des Amériques.
Céline Malraux
Si son histoire franco-américaine se lit dans sa récente traduction du livre de Donald Prater «Thomas Mann, A Life» chez Buchet-Chastel, Céline Malraux vit depuis des années dans le voisinage des moulins d’une distillerie de Marie-Galante où elle collabore à diverses revues et magazines. Parallèlement à sa carrière de journaliste indépendante, elle affirme ses qualités littéraires dans plusieurs ouvrages : en 2012, «Avec une légère intimité», un livre hommage sur sa grand-mère Madeleine, pianiste et deuxième épouse d’André Malraux publié aux Editions Baker Street et Larousse et récompensé par le Grand Prix de l'Héroïne Madame Figaro. En 2014, aux éditions Orphie «Etre(s) de Guadeloupe», un recueil de portraits impressionnistes illustrés des photographies d'Hélène Valenzuela, éditions Orphie.

Samedi 28 novembre I 17:00
Pavillon de la Ville, Pointe-à-Pitre
Céline Malraux parcourt avec Dan O’ Brien les vastes paysages de Wild Idea.
Bernard Phipps
Professeur agrégé d'anglais, Bernard Phipps enseigne dans le secondaire et le supérieur. Outre cette activité pédagogique, il participe à différents cercles de réflexion sur le devenir et la place de la Guadeloupe dans son espace régional. Membre du CAGI - Centre d'Analyse Géopolitique et International - et du CSA - Caribbean Studies Association - il s’investit dans nombre d’initiatives portées par ces acteurs du débat intellectuel et politique. Au-delà des conférences et des publications auxquelles il collabore dans ce cadre, Bernard Phipps prête aussi sa plume lucide et ironique à des revues philosophiques ou littéraires et publie volontiers des textes ou nouvelles dont l’une d’entre elles «Le Complexe de Babiann» a remporté un prix Antilles-Guyane.

Jeudi 26 novembre I 20:00
Casa del Tango, Jarry
Bernard Phipps lit avec David Fauquemberg la partition incandescente de Manuel El Negro.
Gilda Gonfier
Directrice de la médiathèque Raoul Georges Nicolo du Gosier, Gilda Gonfier y accueille régulièrement, des activités artistiques et anime des rencontres littéraires. Passionnée de cinéma, elle coordonne le mois du film documentaire en Guadeloupe et préside l'association Varan Caraïbe qui accompagne la réalisation de courts métrages documentaires sur la Guadeloupe d'aujourd'hui. Elle construit par ailleurs un véritable travail artistique, de la littérature au théâtre en passant par la fiction radiophonique. Citons de manière sélective la nouvelle «Dèmen an kavoyajé», publiée en 2000 aux éditions Autrement dans la collection monde, «Le Cachot», pièce de théâtre chez Lansman Editeur, 2008.

Jeudi 26 novembre I 10:00
Musée Saint-John Perse, Pointe-à-Pitre
Gilda Gonfier invite Marie Darrieussecq, Gisèle Pineau et Fabienne Kanor à faire écho à la voix d’exilé du poète.

ATELIERS D'ÉCRITURE

Durant toute la semaine du festival - du lundi 23 au vendredi 27 novembre - l’écrivain Gisèle Pineau, également auteur pour la jeunesse, d'Un papillon dans la cité à L’odyssée d'Alizée, édités respectivement en poche et chez Thierry Magnier partage, au Mémorial Acte, avec des jeunes, certaines techniques d’écriture et les encourage à raconter des histoires.
De même, les écrivains Fabienne Kanor et David Fauquemberg animent, conseillent et accompagnent les participants des deux ateliers adultes au cours de l'élaboration de leurs textes à la médiathèque Achille René Boisneuf.

Un retour d'expérience des deux groupes et une restitution des productions littéraires où les participants lisent leurs textes dans une séance ouverte à leurs proches et au public concluent ces ateliers : le samedi 28 novembre, au Pavillon de la ville de Pointe-à-Pitre.

FICHES AUTEUR

Bibliographie
ROMANS & RÉCITS
Aux éditions P.O.L
Truismes, 1996
Naissance des fantômes, 1998
Le Mal de mer, 1999
Bref séjour
chez les vivants, 2001
Le Bébé, 2002
White, 2003
Le Pays, 2005
Zoo, 2006
Tom est mort, 2007
Précisions sur les vagues, 2008
Clèves, 2011
Il faut beaucoup aimer les hommes,
2013, Prix Médicis
Simulatrix,
Aux éditions Les Inrockuptibles, Collection «des nouvelles du sexe», 2003
Claire dans la forêt suivi de Penthésilée, premier combat,
Aux éditions des femmes, 2004
Mrs Ombrella et les musées du désert,
Aux éditions Scali, 2007
Péronnille la chevalière,
Aux éditions Albin Michel Jeunesse, 2008
Marie Darrieussecq
«Mon métier, mon arme, mon plaisir, mon rôle, c'est d'écrire : pas plus et pas moins».
 Marie Darrieussecq s’est très tôt passionnée pour la littérature comme en témoigne son parcours d’abord en classes préparatoires littéraires puis à l’Ecole Normale Supérieure de la rue d’Ulm. Parallèlement à la rédaction de sa thèse, elle se confronte à l’écriture de plusieurs romans, restés impubliés, jusqu’à la sortie tonitruante de Truismes en 1996 où l’auteur revisite le thème de la métamorphose dans une variation audacieuse. D’emblée, elle marque sa propension à dépasser les limites, exploser les tabous.
 Avec l’abandon de sa carrière universitaire, l’auteur entérine sa vocation d’écrivain et s’aventure, dans un second roman, publié en 1998 Naissance des Fantômes dans le récit d’une disparation qui interroge une désagrégation intime et décrit jusqu’au vertige les sensations nées du manque et de l’absence. À un rythme constant, quasiment annuel, l’auteur renouvelle sa vision et multiplie les angles de son art romanesque : Le mal de mer, Bref séjour chez les vivants, Le bébé, White, Le Pays, Zoo, Tom est mort, et en 2008, Précisions sur les vagues. Cette même année, par la traduction dans une langue modernisée, de ses lettres d’exil sur les rives du Pont-Euxin, elle redonne à Ovide qui dépérit de tristesse dans ce lointain territoire barbare, une dimension humaine. Séduite par «leur beauté, leur mélancolie et le regard qu'elles portent sur d'autres mondes» l’auteur, sous le titre Tristes Pontiques nous donne à lire une correspondance épistolaire qui parle de l'exil et de ses duretés autant que de littérature et restaure la voix du poète, libérée de toute pesanteur classique. D’autres ouvrages suivent cette traduction dont une pièce de théâtre en 2009 : Le Musée de la Mer et un essai en 2010 : Rapport de police. Accusations de plagiat et autres modes de surveillance de la fiction.
 Après les désolations et les errances, l’ondulation d’un imaginaire dans les méandres des absences et du vide, dans Clèves qui raconte sans détours l'expérience de la puberté d'une jeune fille, la prose de Marie Darrieussecq mord à nouveau dans la chair provocante de «Truismes» et dresse le stupéfiant portrait d'une jeune fille saisie en pleine révolution intime et sexuelle à l'aube des années 1980. Une autre métamorphose : non celle d'une femme en truie, mais celle d'une petite fille en femme, Solange, au fil de ces années cruciales et délicates.
 Dans Il faut beaucoup aimer les hommes, Solange, l’héroïne de Clèves, se cogne cette fois à la passion. Devenue actrice à Hollywood, elle rencontre Kouhouesso, acteur lui aussi, originaire d’un village africain, dans une fête. Plus tard ils tourneront en Afrique, elle en tombe amoureuse. Mais Kouhouesso est tout entier plongé dans le projet de sa vie : l’adaptation d’«Au cœur des ténèbres» de Conrad. Essentiellement préoccupé par son tournage dans la forêt équatoriale, il se laisse aimer épisodiquement. Aux rares moments de bonheur succèdent de longues plages d'absence où Solange se consume dans l’obsession de l’attente.
 Ce treizième livre paru en 2013 a été couronné par le Prix Médicis et le Prix des Prix Littéraires 2013.
 La sensibilité artistique dont témoigne la collaboration de l’auteur à des livres d’art est actuellement sollicitée par un ouvrage consacré au peintre Paula Modersohn Becker dont la première monographie en France sera présentée au musée d’Art moderne de la Ville de Paris au Printemps 2016.
Bibliographie
ROMANS
Aux éditions Régine Deforges
L’Être et le Géant, 1989
Moyen Exil, 1991
Aux éditions Grasset
L’incendie de la Sainte-Victoire, 1995
Kairos, 1997
Esprits de famille, 2003
Un silence, Éditions Pierre-Guillaume de Roux, à paraître en 2016
FOLIO BIOGRAPHIES
Aux éditions Gallimard
Cézanne, 2006
Beethoven, 2010
Flaubert, 2012
Jack London, 2014
Bernard Fauconnier
«L'histoire, la grande comme la petite, offre des rails à l'évasion. Ce peut être un carcan ou une contrainte, c'est surtout un formidable ressort romanesque, les «pilotis» de l'écriture comme disait Stendhal. Mais dans les vies que je raconte, romans ou biographies, je cherche aussi ce qui n'est réductible à rien : la liberté des choix, la part secrète qui façonne les destins, le pouvoir de dire non».
 L’itinéraire de Bernard Fauconnier, se confond avec le parcours multiple d’un amateur de littérature. Grand connaisseur des auteurs par sa formation universitaire à la Sorbonne, durant laquelle il publie ses premiers textes dans la revue Minuit, il partage son amour des lettres avec les étudiants et le public, anime des ateliers d’écriture, donne des conférences, publie des articles critiques.
 La sortie très remarquée par la presse et confirmée par une sélection sur la liste du Renaudot, de L’être et le géant en 1989 chez Régine Deforges, récit d’une rencontre fictive entre Charles de Gaulle et Jean-Paul Sartre en Irlande en 1969, sorte d’anti «Chênes qu’on abat», le constitue en écrivain.
 Dans son livre posthume «Pour l’amour des livres» publié en 2005 chez Albin Michel, l’ancien rédacteur en chef du Magazine Littéraire, Jean-Jacques Brochier, classe d’ailleurs Bernard Fauconnier parmi les meilleurs auteurs de sa génération. Un deuxième roman, Moyen exil, paraît en 1991, également chez Régine Deforges.
 Entré chez Grasset, Bernard Fauconnier y publiera trois romans : L’incendie de la Sainte-Victoire en 1995, en lice pour le Prix Goncourt, une méditation sur la civilisation transcendée par la présence d’un peintre de génie où se donnent rendez-vous des monstres sacrés comme Zola, Thomas Mann, Paul Cézanne surtout, auquel l’écrivain consacrera une biographie publiée chez Gallimard en 2006.
 Deux autres titres : Kairos en 1997, et Esprits de famille en 2003, une enquête policière de construction labyrinthique, qui dessine le portrait satirique d'un monde hanté par l'obsession du pouvoir et du complot, complètent sa bibliographie qui s’enrichira en mars 2016 d’un nouveau roman, Un silence, chez Pierre-Guillaume de Roux.
 Outre sa contribution à des ouvrages collectifs tel, Lectures de Romain Gary, publié chez Gallimard en 2011, et parallèlement à sa carrière de romancier, Bernard Fauconnier, agrégé de lettres modernes, collabore aussi régulièrement au Magazine littéraire où depuis 25 ans il a publié d’innombrables articles, dirigé des dossiers, lancé une série d’enquêtes littéraires sur Giono, Kafka, Breton, etc… avec pour seule ambition la défense d’une certaine conception de la littérature : allégresse, exigence, liberté. Il a également signé pendant une quinzaine d’années une chronique hebdomadaire à Témoignage Chrétien.
 L’écriture biographique constitue une autre facette de son parcours littéraire inaugurée par une trilogie sur de grands quêteurs de formes : Cézanne, Beethoven, Flaubert dans le cadre du lancement de la collection Folio Biographies chez Gallimard. Ces ouvrages, traduits en plusieurs langues, loin de compiler des faits et des dates, cherchent à comprendre ce qu’a été, pour chacun des «personnages» leur projet et la manière dont ils l’ont accompli. Un véritable travail d’écriture où raconter une vie consiste à choisir, synthétiser, donner l’impression que l’auteur a percé à jour les motivations de son modèle, sa démarche, les traits saillants de son existence.
 En 2014 est paru Jack London, indéfectible compagnon des enfances, aussi adulé par l’école que choyé par l’université pour son impressionnante bibliographie à l’usage de tous les publics, de Croc-Blanc à Martin Eden. Une contribution passionnante à la connaissance d’une œuvre de légende qui se confond avec le destin romanesque et météorique de son auteur.
Bibliographie
ROMANS
Nullarbor, 2007
Éditions Hoëbeke
Prix Nicolas Bouvier
Aux éditions Fayard
Mal tiempo, 2009
Prix Millepages
NOUVELLES
recueils collectifs
Aux éditions Rhubarbe
El Refugio, 2014
Je vous écris d’une ville invisible
La fête d’El Caco, 2013
Jardin des délices, jardins des supplices
Robert Johnson
Mythiq 27, avec Laurent Binet, Sorj Chalandon, Alexis Jenni… Éditions Gotham. Lab, 2013
TRADUCTIONS
Le Club des suicidaires
de R. L. Stevenson
Éditions Artaud, 2014
Vivre à présent
de Nadine Gordimer
Éditions Grasset, 2013
Le cœur par effraction de James Meek
Éditions Métailié, 2013
David Fauquemberg
«Je me suis rendu compte que la densité des émotions et l'intensité de la musique étaient ce qui m'intéressait en littérature»
 Né en 1973, David Fauquemberg, tout juste diplômé de l’ENS, enseigne quelques mois la philosophie avant de prendre la tangente. Un jour, il part sans justifier son geste par une quelconque quête ou autre théorie de l'aventure. Dans son cas on pourrait parler d’un virus qui le conduit au hasard des destinations : Cuba, Patagonie, Laponie, Andalousie, Californie, Europe de l’est, Atlantique à la voile…
 Esprit libre donc où seule compte l'intensité des actions qu'il s'impose, à la manière d'un Jack London.
 Romancier, auteur de nouvelles et de récits pour les revues XXI, Géo, Long Cours, il est également le traducteur de Nadine Gordimer, R.L Stevenson, James Meek… Grand lecteur de classiques comme Balzac, Tolstoï ou Conrad, mais aussi d’écrivains bourlingueurs aussi magnétiques que Cendras ou Chatwin, David Fauquemberg a toujours tressé ces deux fils : la littérature et le voyage, dans un même élan de vie et d’émotions.
 Deux années passées en Australie, un périple tragique dans les confins occidentaux de l’île-continent lui inspirent son premier roman Nullarbor publié chez Hoëbeke en 2007, pour lequel il obtient le prix Nicolas Bouvier, l'écrivain qui a si fortement marqué l'histoire du festival Etonnants Voyageurs.
 Dans ce roman, David Fauquemberg court direction l'ouest, à travers Nullarbor, la «plaine sans arbres», immense et désolée, remonte plein nord, gagne l'Australie des Tropiques aborigènes, baignée par l'océan Indien. Son récit prend frontalement la réalité tellurique du monde, pour en rendre la violence et la beauté, la présence et la force, le souffle et la férocité. Une échappée hallucinée ou les êtres se dissolvent, dans l'âpreté du paysage.
 Cet écrivain citant volontiers Conrad qui résume le devoir du romancier dans ces phrases lapidaires : «par la seule force du mot écrit, donner à voir, à sentir, à entendre. Pour donner à sentir les choses, je dois d'abord les vivre» se plonge dans le milieu de la boxe à Cuba pour publier en 2009 chez Fayard un second roman : Mal tiempo. Un roman comme une métaphore de sa relation à l'écriture qui met en scène la loi du ring autant que les principes fondamentaux de l'écriture : le cadrage, le rythme et la distance.
 Après l’atmosphère poisseuse et enfumée des combats, les coups et les bosses, David Fauquemberg, toujours fidèle à ce processus d'immersion qui le conduit à fréquenter les gitans d’Andalousie, nous ouvre avec Manuel El negro, publié en 2013 chez Fayard, les portes d’un univers de braises et de mots : celui des chanteurs de flamenco.
 Il dépeint le chant, fondement du flamenco comme la possibilité «en respectant des canons rythmiques et harmoniques complexes, d'accéder à l'expression personnelle, absolument sincère, de sentiments intimes qui vont de la joie d'aimer au désespoir de se savoir mortel». À travers la voix de Melchior de la Peña ou d’El Negro se déroule une épopée fiévreuse, faite de gloire, de déchéance et de rédemption.
 Réfutant l'étiquette d’écrivain voyageur, David Fauquemberg se conçoit davantage comme un romancier du voyage, un romancier qui écrit en vivant parmi ses personnages, des êtres épris de liberté et d’aventures. Tel un témoin invisible qui vibre au tempo de leur âme, souvent fracassée par la dureté du monde, il voit la beauté de leurs gestes, entend la mélopée de leur cœur et leur offre un territoire romanesque à leur image.
 Toujours attentif à l’émergence de jeunes talents sur la scène littéraire, il partage aussi volontiers son expérience d'écrivain lors de ses escales à Muret où il anime les ateliers d'écriture du Prix du Jeune écrivain de langue française.
Bibliographie
ROMANS
Aux éditions Gallimard, collection Continents Noirs
D’eaux douces, 2004
Humus, 2006
Les chiens ne font pas des chats, 2008
Anticorps, 2010
Faire l’aventure,
Éditions Jean-Claude Lattès, 2014
LITTÉRATURE JEUNESSE
Le jour où la mer a disparu, illustrations d’Alex Godard, Éditions Albin Michel, 2007
THÉÂTRE
Homo Humus Est, 2005
Fabienne Kanor
«En tant qu’écrivain, on ouvre des portes. On ne sait pas toujours où l'on va. Mais au bout du compte on a envie de raconter une histoire, de faire parler des gens qui parfois n’ont pas du tout la parole parce qu’ils n’ont pas le temps, ou l’envie, ou la légitimité, ou bien parce qu’ils sont tout simplement au bout du rouleau»
 Habitée par la question de l’errance et du déplacement, au cœur de son dernier livre Faire l’aventure, Fabienne Kanor aime se situer dans la lignée des écrivains voyageurs si l’on entend par cette expression la vocation des écrivains, telle Maryse Condé qu’elle admire, à raconter des histoires d’êtres déracinés dans un monde en perpétuel mouvement. Amenée elle-même à parcourir de nombreux territoires, des Antilles à l’Afrique, de l’Europe aux Amériques, elle «marche le monde» selon son expression. Née en France dans une famille typique de fonctionnaires martiniquais, venus en France par les voies du Bumidom - Bureau pour le Développement des Migrations dans les Départements d’Outre-Mer - elle grandit avec ses deux sœurs dans une «barre» où seule l’imagination offre une esquive à la symétrie de l’environnement, les récits ramenés de la bibliothèque, une échappée à la place normative de l’immigré. La fin des années quatre-vingt marque pour Fabienne Kanor le début d'un cursus universitaire qu’elle amorce par une licence en Lettres modernes et en sociolinguistique avant de partir étudier à Paris où elle écrit sa thèse de DEA en littérature comparée sur la problématique de la terre dans la littérature antillaise.
 Après son DESS de Communication, elle débute une carrière de journaliste à la télévision qui réserve sa part à la création documentaire avec des portraits comme ceux de Jenny Alpha, Césaria Evora et Mimi Barthélémy.
 D'un séjour de deux ans à Saint-Louis du Sénégal et d'une relation douloureuse naît un premier roman : D'eaux douces paru en 2004 dans la collection Continents Noirs chez Gallimard tandis qu’un séjour au Bénin lui inspire son deuxième roman Humus publié en 2007 chez le même éditeur, une variation narrative à partir de quelques lignes écrites par le capitaine nantais d'un bateau négrier dans son journal de bord. L'auteur y fait alterner, avec une chanson de marin, les voix de onze captives africaines confrontées à la traite.
 Sans jamais abandonner l’écriture romanesque puisqu’elle publie tour à tour Les chiens ne font pas des chats en 2008, Anticorps en 2010, toujours dans la collection Continents Noirs chez Gallimard, Fabienne Kanor, en duo, avec sa sœur Véronique scénarise et réalise divers documentaires et moyens métrages : La Noiraude, une fiction «sur les tracas et les tergiversations d'une Antillaise à Paris» qui examine sous un nouveau jour des problématiques soulevées dans D'eaux douces, et, dans le même cycle artistique, C'est qui l'homme ?, une interrogation sur la place que la femme assigne à l’homme dans le couple, deux films diffusés sur les chaînes : RFO et France 2.
 Son roman Faire l’aventure publié chez JC Lattès en 2014, signe son retour sur la scène littéraire avec un récit en miroir où s’entrecroisent les histoires de Biram et Marème, deux jeunes Sénégalais qui quittent Mbour et Dakar pour les mirages de l’Europe. Tenerife, Lampedusa, Rome, Paris…, dans une sorte de voyage initiatique, les deux protagonistes vont «faire l’aventure» et affronter la peur, les autres. Au-delà d’une réflexion sur l’exil et les cheminements identitaires, deux thèmes récurrents dans l’œuvre de romancière et de documentariste de Fabienne Kanor, l’odyssée de Faire l’aventure donne une empreinte profonde et humaine à la tragédie des migrants.
Bibliographie
ROMANS
Aux éditions Présence Africaine
Bleu-Blanc-Rouge, 1998
Grand Prix littéraire de l’Afrique noire.
Et Dieu seul sait comment je dors, 2001
Aux éditions Le Serpent à Plumes
Les Petits-Fils nègres de Vercingétorix, 2002
African Psycho, 2002
Aux éditions du Seuil
Verre Cassé, 2005
Prix roman Ouest-France,
Prix des Cinq Continents de la Francophonie,
Prix RFO du livre.
Mémoires de porc-épic, 2006
Prix Renaudot
Black Bazar, 2009
Lumières de Pointe-Noire, 2013
Petit Piment, 2015
Demain j’aurai vingt ans, 2010
Éditions Gallimard
Prix Georges Brassens 2010
POÉSIE
Tant que les arbres s’enracineront dans la terre,
Œuvre poétique complète
de 1995 à 2004,
Éditions Points Seuil 2007
ESSAIS
Aux éditions Fayard
Lettre à Jimmy, 2007
Essai sur James Baldwin
Le Sanglot de l’homme noir, 2012
L’Europe depuis l’Afrique,
Éditions Naïve, 2010
Ecrivain et Oiseau migrateur,
Éditions André Versaille, 2011
LIVRE POUR LA JEUNESSE
Ma Sœur-Etoile,
Illustré par Judith Gueyfier.
Éditions Seuil Jeunesse 2010
Prix des Ecoles 2011
Alain Mabanckou
«Mes héros sont souvent des exilés, des enfants uniques, comme moi, et cela sans que je l'aie décidé».
 Ainsi que le raconte, Les lumières de Pointe-Noire, publié en 2013, son roman le plus intime où entre surnaturel et enchantement, l’auteur nous livre ses années de jeunesse dans ses lieux d’origine à Pointe-Noire, Alain Mabanckou passe son enfance auprès d’une mère analphabète qui lui transmet les légendes de son village et un père réceptionniste au Victory Palace. Les «San-Antonio» récupérés dans les poubelles des coopérants qu’il rapporte à son fils vont servir d’initiation littéraire au futur écrivain même s’il doit son éducation aux ouvrages du centre culturel français, qu’il fréquente assidument. Cette passion de la littérature, il continue à la transmettre aux étudiants de l’Université de Californie-Los Angeles (UCLA), où il enseigne toujours dans le département d’études francophones et de littératures comparées.
 Depuis le temps de sa formation en droit à Paris le jour, il rédige la nuit des romans et poèmes refusés par tous les éditeurs jusqu’à la publication, par Présence Africaine en 1998, de son premier roman Bleu-Blanc-Rouge. A partir de cette date comme l’indique sa bibliographie, il ne cessera de publier avec régularité, aussi bien de la prose que de la poésie. Mais c’est avec son roman Verre Cassé, publié au Seuil en 2005 qu’il fait une entrée fracassante sur la scène littéraire. Du nom de son personnage éponyme, Verre Cassé se situe dans un bar de Brazzaville «Le crédit a voyagé» où se rencontrent marginaux et éclopés passablement alcoolisés. A la demande du patron, Verre Cassé, au motif de son talent d’écriture, va, au fil des pages d’un cahier, en consigner les aventures aussi pittoresques que misérables.
 Sous la plume du chroniqueur, les histoires singulières dont la sienne, revêtent un caractère universel et le territoire de l’Afrique prend bientôt la dimension du monde.
 Entre références littéraires explicites ou plus subtiles, le monologue de Verre Cassé, dénué de toute ponctuation qui pourrait ralentir le jet continu du récit de ces vies sombres et anéanties immortalise ces personnages auquel il offre un miroir et une trace.
 Avec cette même écriture flux, sans le moindre point, ce sens du récit qui manie l’ironie et la verve, Mémoires de Porc Epic, prix Renaudot 2006, détourne cette fois avec brio et malice les codes narratifs de la fable. Librement inspiré d’une légende populaire selon laquelle chaque être humain possède son double animal, Mémoires de Porc Epic, par la voix de l'animal-narrateur, raconte les meurtres rocambolesques accomplis par ce dernier à l’aide de ses redoutables piquants au nom de son alter ego humain, un certain Kibandi. Malheur aux villageois qui se retrouvent sur la route de Kibandi, car son ami porc-épic est prêt à tout pour satisfaire la folie sanguinaire de son «maître» !
 Loin de cet univers du conte, mais sans rien perdre en cocasserie, Demain j’aurai vingt ans, paru en 2010 aux éditions Gallimard donne la parole à Michel, qui, de son point de vue d’enfant de dix ans au ton volontairement candide, raconte son existence à Pointe Noire, entre sa mère et son beau-père autant que le Congo des années 70 à l'heure de la décolonisation.
 Des essais remarqués ponctuent aussi l’itinéraire littéraire d’Alain Mabanckou qui s’achève provisoirement en 2015 par la publication au Seuil de Petit Piment, finaliste du Prix Goncourt. Renouant avec les thèmes d’African Psycho, publié en 2002, où le romancier examinait déjà les sociétés africaines dans leur vie quotidienne du dehors, sous l’angle de la rue, des marginaux ou des victimes du système familial, Petit Piment nous fait vivre l’histoire d’un jeune orphelin de Pointe-Noire, dont la vie va être bouleversée par la révolution socialiste. Dans ce roman aussi tendre et drôle que tragique aux dialogues savoureux empreints de la gouaille des rues africaines, Alain Mabanckou continue à nous faire partager une écriture enthousiaste, inspirée, ouverte sur le monde.
Bibliographie
ROMANS & RÉCITS
Aux éditions 10/18, Collection «Domaine étranger»
L’Esprit des collines, 1993
Spirit of the Hills
Au cœur du pays, 1995
In the center of the Nation
Brendan Prairie, 1999
Aux éditions du Rocher
Médecine blanche
pour Crazy Horse, 2002
The Contract Surgeon
L’Agent indien, 2006
The Indian Agent
Wild Idea, 2015
Éditions Au Diable Vauvert
MÉMOIRES
Rites d’Automne :
le voyage d'un fauconnier
à travers l'Ouest américain
The Rites of Autumn: A Falconer's Journey Across The American West,
Éditions Albin Michel, 1991.
Réédition Au Diable Vauvert, 2009. Folio, 2011.
Les Bisons du Cœur-Brisé
Buffalo for the Broken Heart,
Éditions Au Diable Vauvert, 2007
Dan O’Brien
«Les bisons sont depuis longtemps un emblème de toute cette vie sauvage en déclin. Cette injustice m'a dégoûté et avant que l'épée d'Orion ne pointe Harney Peak, j'ai su qu'il y aurait dans mon avenir au moins une tentative de rétablir l'équilibre des Grandes Plaines. Et que les bisons en feraient partie».
 Dan O'Brien nait en 1947 dans l'Ohio, au cœur d'une région dévorée par la pollution à laquelle elle doit son qualificatif de "rust belt" - ceinture de rouille -, hérité de l'effondrement de l'industrie américaine dans les années 70.
 Dès son plus jeune âge, l'enfant de Findlay rêve de grands espaces et se passionne pour la fauconnerie, un univers bien éloigné de la littérature. Aussi, pour celui qui, avant 21 ans, n'avait jamais lu un livre, l'entrée à l'université et surtout la fréquentation de la bibliothèque sont-elles une véritable révélation. Rencontres capitales avec les pères fondateurs de la littérature américaine : Faulkner, Hemingway, mais aussi et surtout avec les chantres de la nature sauvage : Nathaniel Hawthorne, Henry Thoreau, Edward Abbey.
 Au miroir de l'inspiration de tels maîtres, l'écriture s'impose et Dan O'Brien publie de nombreux ouvrages, dont deux grands classiques du Nature Writing : Rites d’Automne et Les Bisons du Cœur-Brisé.
 Le premier, traité de fauconnerie autant que récit classique de chasse, un livre culte aux Etats-Unis dont Jim Harrison dira : «De cette œuvre se dégage une dignité à couper le souffle… J'insiste : quiconque s'intéresse aux oiseaux et à la nature doit lire Rites d'automne», constitue une inoubliable évocation des grands espaces et une ode à la nature et à la liberté.
 Dans la forme autobiographique du second, Les Bisons du Cœur-Brisé, l'auteur nous fait vivre, à travers un fermier, son double, sa lutte pour rétablir l'écosystème originel de ce pays sans fin des Black Hills, les terres indiennes de Sitting Bull. C’est en effet dans les grandes plaines du Dakota que ce passionné, porté par des convictions écologiques déjà sensibles dans sa carrière de biologiste engagée pour protéger les faucons pèlerins, sur la liste des oiseaux en voie de disparition, a d’abord loué des terres avant d'acquérir son propre ranch. Ce livre confession relate la folle entreprise de réparation du massacre de cinquante millions de bisons à la fin du XIXème siècle, qui a aussi concouru au génocide des tribus dont ils étaient la ressource.
 Dans l'esprit de ses précédents ouvrages et la logique d'un engagement qui vise à restaurer l'équilibre des grandes plaines, pour y vivre et en vivre, Dan O'Brien offre dans Wild Idea un témoignage humain et environnemental sur sa lutte héroïque pour rendre aux bisons leurs terres ancestrales et réhabiliter un patrimoine écologique inestimable.
 Ce dernier livre raconte en effet la fondation au Cheyenne River Ranch, de la Wild Idea Buffalo Company, une entreprise familiale d'élevage et de production du bison dans le respect de l'éthique écologique indienne transmise par les Sioux Lakotas : des herbes sont brûlées avant de "moissonner" les animaux et de les écorcher.
 Dan O'Brien est avec Jim Harrisson ou encore Jim Fergus, une des figures de proue de ce qu'il est convenu d'appeler les écrivains du Nature Writing, pour lesquels la littérature est transmission de la poésie du monde sauvage.
 S’il appartient à cette famille d’écrivains typiquement américains qui ont fondé leur rapport à l’environnement sur la pratique de la pêche et de la chasse tout en développant une œuvre très critique envers l’histoire américaine, le génocide indien et la politique de leur pays sur la question écologique, il accomplit aussi, parallèlement à son travail d’écriture, d’initiateur d’un nouveau modèle économique d’élevage, un travail de transmission auprès des étudiants en littérature et écologie.
Bibliographie
ROMANS
La grande drive des esprits, 1993
Éditions Le Serpent à Plumes
Grand Prix des lectrices de Elle, Prix Carbet de la Caraïbe.
Aux éditions Stock
L’espérance-macadam, 1995 Prix rfo, 1996
L’exil selon Julia, 1996
L’âme prêtée aux oiseaux, 1995
Aux éditions Mercure de France
Chair piment, 2002
Prix des Hémisphères
Fleur de barbarie, 2005
Morne câpresse, 2008
Cent vies et des poussières, 2012
Les voyages de Merry Sisal, 2015
RÉCITS
Aux éditions Philippe Rey
Mes quatre femmes, 2007
Folie aller simple, 2010
ROMANS JEUNESSE
Un papillon dans la cité,
Éditions Sepia, 1992
Les colères du volcan, Éditions Dapper, 2004
L’odyssée d’Alizée,
Éditions Thierry Magnier, 2010
DOCUMENT
Femmes des Antilles,
traces et voix, 150 ans après l’abolition de l’esclavage en collaboration avec Marie Abraham,
Éditions Stock, 1998.
Gisèle Pineau
«Je ne m’imagine pas ailleurs que dans ce petit monde d’encre et de papier. Je ne veux rien d’autre qu’écrire, assise bien droite au fond de ma tanière et raconter des histoires»
 Les accents singuliers de la voix de Gisèle Pineau émergent en 1993 avec un premier roman La grande drive des esprits, paru aux éditions du Serpent à Plumes. Un style, un regard percutant sur la société antillaise et ses traumatismes, la condition des femmes dont elle dira la souffrance, les violences et les espérances. Observatrice sensible du monde créole, l’écrivain en débusque la dureté qui façonne les êtres, au miroir de ses héroïnes, alliées constantes de son inspiration. Née à Paris, au hasard des affectations de son père militaire de carrière, les blessures assassines de sa jeunesse confrontée au racisme et à l’intolérance, dans cette France de l’exil sont autant d’expériences qui détermineront les personnages et les situations de son théâtre dramatique. Habitée par l’écriture et le goût de la fiction depuis l’enfance, Gisèle Pineau s'inscrit en 1975 à l'Université de Nanterre où elle suit un cursus de Lettres modernes, qu'elle abandonnera pour une carrière d'infirmière en psychiatrie dont le parcours est lisible dans son récit Folie, aller simple publié en 2010 aux éditions Philippe Rey. Dans ce récit, sous titré «Journée ordinaire d’une infirmière», qui s’ouvre sur le suicide d’une patiente, se déroule en fait le temps d’une carrière passée avec ceux que l’on appelait autrefois les fous, les aliénés, les indigents tour à tour à Paris puis à la Guadeloupe.
 L’empreinte de cette profession n’est pas étrangère à sa manière d’apprivoiser les secrets et les détresses de ses personnages.
 Après cette entrée en littérature couronnée par le Grand Prix des lectrices de Elle et le Prix Carbet de la Caraïbe, Gisèle Pineau publie avec régularité, d’abord aux éditions Stock : L'espérance-macadam en 1995, où les vicissitudes et les horreurs de la condition féminine à Savane Mulet résonnent en écho dans la tête d’Eliette emprisonnée dans son propre traumatisme ; L’exil selon Julia en 1996, un témoignage intime autant qu’un hommage émouvant à une grand-mère qui console sa petite-fille de l’hostilité de l’hiver et du béton et lui livre le secret des mots et des histoires ; L’âme prêtée aux oiseaux en 1998. Depuis 2002, Les éditions Mercure de France accompagnent Gisèle Pineau dans l’élaboration de son œuvre romanesque tandis que les éditions Philippe Rey lui permettent l’expression plus personnelle de l’autobiographie fictive, à l’image de Mes quatre femmes paru en 2007 où revivent les inspiratrices et modèles de l’auteur dans son parcours de femme et d’écrivain. Avec des romans comme Chair Piment paru en 2002, Fleur de Barbarie en 2005, Morne Capresse en 2008, Cent Vies et des poussières en 2012 Gisèle Pineau creuse son sillon de romancière à l’écoute des voix des femmes perdues dans le chaos du monde et des cœurs.
 Enfin, dans son dernier ouvrage, Les voyages de Merry Sisal qui relate la longue errance autant que les espérances d’une femme fracassée par le seisme de Port-au-Prince, Gisèle Pineau livre un portrait de femme meurtrie qui ne désespère pas de renaître malgré la brutalité de l’exil.

PARTENAIRES

Outre le talent des écrivains invités, le festival Ecritures des Amériques témoigne aussi de la générosité de ses partenaires. Publics ou privés, qu'ils trouvent ici le témoignage de toute notre gratitude :
  • Le Ministère de l'Outre-Mer
  • Le Ministère de l'Outre-Mer
  • Le Ministère de la Culture et de la Communication
  • La Direction des Affaires Culturelles de la Guadeloupe
  • Le Conseil Régional de la Guadeloupe
  • Le Conseil Départemental de la Guadeloupe
  • La SIAGAT, Société Immobilière et Agricole de la Grande-Terre
  • Le Groupe LORET
  • L'Auberge de la Vieille Tour
  • La BDAF, Banque des Antilles Françaises
  • La Caisse des Dépôts et Consignations
  • La Chambre de Commerce et d'Industrie des Iles de Guadeloupe
  • Cap Excellence
Que tous les hôtes de la manifestation, singulièrement la ville de Pointe-à-Pitre qui apportent leur concours indispensable à la réussite du festival et tous ceux qui dans leur domaine d'action spécifique ont participé avec enthousiasme à sa réalisation soient assurés de notre reconnaissance :
  • Les membres de l'association
  • L'agence Blue Marine
  • Guadeloupe Pôle Caraïbes
  • France Antilles
  • Guadeloupe Première
  • Milenis
  • Karukera